Sur le plateau du long métrage Niagara de Guillaume Lambert

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Débarquer sur le plateau de Niagara, le dernier long métrage de Guillaume Lambert, en cette 25e journée de tournage, c’est un peu comme arriver chez des amis pour l’heure du dessert. J’arrive sur le lieu de tournage alors que l’équipe en est à ses derniers milles. J’ai travaillé sur ce projet, à titre d’adjointe à la direction de production, depuis mars dernier et je suis accueillie à bras ouverts au vignoble Pinard & Filles à Magog. 

UNE COPRODUCTION

Il s’agit du deuxième long métrage de Guillaume Lambert qui avait réalisé en 2018 Les scènes fortuites, produit par Laurent Allaire de Chasseurs Films et distribué par Tim Ringuette chez Entract films. C’est d’ailleurs avec cette première collaboration qu’une chimie naît entre ces deux derniers. De son côté, Entract avait comme visée de développer un volet de production. Niagara sera donc le premier film produit par Entract studios en collaboration avec Chasseurs Films. Dans ce nouveau long métrage, mettant en vedette François Pérusse, Éric Bernier et Guy Jodoin, on voyage de la chute Montmorency aux chutes Niagara aux côtés de trois frères qui sont en quelque sorte forcés de se retrouver à la suite de la mort de leur père dans un Ice Bucket Challenge qui tourne mal.

TOURNER EN ESTRIE

Le vignoble Pinard & Filles de Magog était l’endroit parfait pour recréer les vignobles de la vallée du Niagara.

Le vignoble Pinard & Filles de Magog était l’endroit parfait pour recréer les vignobles de la vallée du Niagara.

Pour la fin de parcours, l’équipe de tournage débarque en Estrie. Au départ, plusieurs jours de tournage avaient été prévus dans la région, mais tricher une réalité ontarienne (Niagara) coûtait trop cher à faire loin de Montréal. En effet, chaque fois qu’on quitte le territoire, il faut penser per diem, nuitées, repas pour l’équipe entière. De plus, la grande quantité d’acteurs compliquait les choses. Disons que l’agenda de plusieurs était bien rempli et qu’il était impensable de devoir faire les allers-retours chaque jour. « Faire un film d’envergure comme l’est Niagara, avec trois personnages principaux et trois univers à créer, avec un premier budget au Québec, ça relève du miracle. Il faut être inventif et débrouillard et je suis fier de ce qu’on a réussi à faire avec ce film, » affirme un des producteurs, Laurent Allaire.

Une partie de l’équipe de tournage, composée majoritairement de membres du BEAM.

Une partie de l’équipe de tournage, composée majoritairement de membres du BEAM.

Et pour le réalisateur, « Le fait de travailler avec la même équipe, pendant 29 jours, et en partie à l’extérieur de Montréal a permis une plus grande proximité avec les acteurs. En fait, c’était comme partir en tournée… Les moments tournés au vignoble en Estrie sont parmi les plus beaux de ma carrière, tant pour l’expérience que pour la communion avec l’équipe. » Cet esprit de communion, on le sent bien. Aussitôt que je croise Guillaume sur le plateau, il est content de me rencontrer (nous avions seulement échangé par courriel et Zoom), offre de me présenter à toute l’équipe (moi qui voulait arriver incognito pour ne pas perturber le plateau, c’est raté, et j’en suis plutôt ravie en fin de compte!)

LA CHIMIE ENTRE LES TROIS FRÈRES

Pause gelato avec l’arrivée du resto Savo de Sherbrooke.

Pause gelato avec l’arrivée du resto Savo de Sherbrooke.

Pour les comédiens rencontrés, la réponse est unanime : c’est tellement agréable de tourner en Estrie. D’abord, les paysages croisés sur la route qui mène au plateau sont magnifiques. Il faut dire que le chaud soleil de cette journée de mi-juin y est pour quelque chose. Pour Éric Bernier, ses souvenirs de l’Estrie commencent déjà à dater. Il avait joué en 2015 dans la pièce de David Goudreault et Patrick Quintal 21 manches cubes au Théâtre du Double Signe. Pour l’occasion, il avait séjourné un mois à Sherbrooke, mais n’était pas réellement revenu dans les Cantons-de-l’Est depuis. On sent dans son regard qui parcourt le vignoble qu’il tentera d’y revenir bientôt. Selon lui, qui se trouve choyé de jouer au cinéma, ce type de tournage permet d’avoir « une vision globale du pays ». Il parle du tournage de Niagara, comportant une quarantaine de lieux de tournage (oui, oui, c’est beaucoup pour 29 jours de tournage! Je sais, j’ai travaillé à la recherche de lieux. Un magnifique défi où j’ai beaucoup appris), comme d’un casse-tête où il faut faire confiance. « C’est précieux » affirme Éric Bernier, car en cinéma, comparé à la télévision, on a du temps pour travailler notre personnage, plusieurs jours de tournage. Sans trop vous en dire, une scène où il se met en colère contre son frère l’a amené là où il ne pouvait même pas imaginer. « Il y a une belle fébrilité dans le cinéma et quelque chose peut sortir de nous qu’on n’avait pas prévu. »

Il y a une belle fébrilité dans le cinéma et quelque chose peut sortir de nous qu’on n’avait pas prévu. 
— Éric Bernier, comédien

De son côté, François Pérusse est reconnaissant d’avoir pu travailler aux côtés d’Éric Bernier et de Guy Jodoin, avec qui il a développé une relation fraternelle au cours du tournage. Originaire de Québec et habitant maintenant en Montérégie, il est habitué aux grands espaces et se sent comme à la maison. Comme Éric toutefois, il a peu visité l’Estrie, y venant plutôt pour des contrats de radio. « Tourner en Estrie, c’est le dessert, » ajoute-t-il. La façon dont l’horaire a été fait a permis une belle finale, dans un vignoble où il fait beau, une fois de plus. François se sent amené dans la bonne voie, par la direction de Guillaume dont il salue le calme. Guidé aussi par les comédiens qui l’entourent, il ajoute que « tout le monde a le désir que le film marche et c’est tellement agréable. », phrase aussi partagée par ses deux « frères ».

À ce sujet, Guy Jodoin me dit justement, autour d’un champagne dégusté en fin de soirée (Tradition oblige: à la 100e bobine, il est de coutume pour les comédiens de payer le champagne à l’équipe.), qu’il est important pour lui de jouer le rôle de rassembleur. Les éloges fusent d’ailleurs à son sujet dans l’équipe. Il appelle tout le monde par leur prénom et prend en charge le fait que chacun se sente bien sur le plateau. Guillaume le dit d’ailleurs :

Cette proximité entre les membres de l’équipe et les acteurs, on la sent à l’écran. Je dis souvent que l’expérience de plateau se ressent dans le film, ça crée l’âme du film. Les spectateurs sont sensibles à cette authenticité sans même le savoir.
— Guillaume Lambert, réalisateur

C’est donc avec une très grande hâte de voir le résultat prévu pour 2022 et me sentant choyée de participer à cet essor du cinéma estrien que je regagne la maison à moins de trente minutes de ce lieu magnifique.

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Un mot sur la rédactrice

Fière Estrienne établie à Sherbrooke, Caroline Fontaine est enseignante en Littérature et communications au Cégep de Sherbrooke. L’écriture fait partie de ses nombreux intérêts artistiques et elle adore aller à la rencontre de l’autre. Elle collabore également sur des tournages et développe son expertise en création de contenu.