Zoom sur Nadia Fortin : réalisatrice inspirée par l’humain

La réalisatrice Nadia Fortin, (c) DJMS Photos Évènements.

Productrice, réalisatrice, scénariste et actrice, Nadia Fortin a plus d’une corde à son arc. C’est à travers des documentaires et des fictions portant sur l’être humain dans toute sa complexité et sur des enjeux sociaux peu abordés que la fondatrice de Les Productions Nolad se démarque. Le BEAM est allé à la rencontre de cette artiste multidisciplinaire. 

C’est au secondaire que la passion pour les arts de la scène s’éveille chez Nadia Fortin, qui s’inscrit alors au collégial en art et lettre profil théâtre. Elle effectue ensuite le saut à l’université en travail social. « Je suis revenue mélanger mes deux arts, le côté social et le côté artistique et je suis devenue réalisatrice », explique-t-elle. Elle a aussi suivi un programme d’écriture humoristique à l’École Nationale et désire utiliser ses acquis pour aborder des problématiques sociales lourdes d’une manière plus douce. 

Au service du sujet

« Ce qui m’intéresse, ce sont vraiment les rencontres avec les gens. Des gens que je croise dans ma vie ou des gens qui viennent me voir parce qu’ils savent que je fais des films. Je fais ça pour le plaisir et pour que ça donne une voix à ceux qui sont très peu ou pas entendus », raconte la réalisatrice en parlant de sa démarche.  

Par exemple, pour le film Rouge D 4 femme, œuvre nommée aux Cercles d’or du Festival du Cinéma du Monde de Sherbrooke (FCMS) et présentée au festival Athens Video Dance Project en Grèce, c’est un préposé aux bénéficiaires qui a incité Nadia Fortin à aller rencontrer Josée Delorme, une femme de 49 ans atteinte d’une paralysie cérébrale sévère voulant communiquer et danser. Pour la réalisation de ce film, Nadia s’est plongée tête première dans un univers qu’elle connaissait peu, la danse, afin de faire vivre des moments extraordinaires à cette femme prisonnière de son corps spasmodique.   

Tournage Rouge D 4 femme, (c) Nadia Fortin

« Je vois la transformation que ça fait chez le public. Après les diffusions, les gens viennent parler à Josée. Ils s’adressent directement à elle et ses parents restent surpris parce qu’on n’a jamais vu ça. Normalement ils parlent seulement avec eux et ne la regardent pas vraiment », soutient l’artiste en soulignant la vraie différence que ce film a faite. Le film a d’ailleurs été nommé au prix RÉALS de l’Association des Réalisateurs et Réalisatrices du Québec (ARRQ), une compétition provinciale. 

Des projets plein la tête

Tournage Recette du bonheur, (c) Louis-Charles Blais

« En ce moment j’accompagne une femme de 112 ans et le teaser du documentaire, Recette du bonheur, est sorti avant Noël » élabore Nadia Fortin, visiblement touchée et impressionnée par le parcours de cette dame ayant vécu la Première Guerre mondiale. 

La réalisatrice a également tourné le film Résilience qui met en scène dix danseurs dans un décor majestueux où a eu lieu un glissement de terrain. C’est un environnement qui donne le ton à cette production. 

Tournage Résilience (c) Jérôme Duford

Rappelons que Nadia Fortin a soumis, jusqu’à maintenant, six courts métrages au FCMS dont cinq ont été sélectionnés en compétition officielle. En plus de continuer à suivre des humains aux parcours de vie variés pour ses documentaires, elle travaille actuellement sur le scénario d’une série télé qu’elle présentera à des producteurs sous peu. 

 

Le BEAM : un outil nécessaire pour l’Estrie

En s’exprimant sur le BEAM, Nadia Fortin rappelle l’importance d’avoir des organismes qui font le pont entre les régions et l’industrie du cinéma dans les grands centres.  « C’est sûr qu’il faut avoir, en Estrie, des organisations comme le BEAM, Cinesis, la Course des régions et plusieurs autres. Il faut un mouvement collectif pour pouvoir faire du cinéma et pour développer l’industrie ici parce qu’il y a beaucoup de talent en Estrie. Mais il faut nous donner les outils, la visibilité et la reconnaissance pour se faire voir » indique-t-elle. 

Malgré les difficultés que peuvent amener le tournage en région, la Sherbrookoise n’échangerait de réalité pour rien au monde. « On a apprend à faire avec pas grand-chose en région. La réalité n’est pas la même. Mais les gens, les artisans aiment venir en région. En région, on s’entraide tout le temps. La dynamique est différente », conclut-elle. 

Court métrage Ténébris, sélection officielle au Festival du film de Knowlton

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Josiane Demers, membre collaboratrice
(c) Sabrina Houle

Un mot sur la rédactrice
Étudiante à l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke, Josiane Demers a également suivi des cours en communication au début des années 2000. Intéressée autant par l’art que par l’actualité internationale, la rédactrice en chef du Journal Le Collectif a plus d’une corde à son arc.